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CHAPITRE 33

*Manoir de Luna*
Simon fait ouvrir le portail en en métal forgé noir laissant place à la grande allée. La vue est imprenable, Bubble s'échappe de ma chevelure pousse un cri étouffé.
- Bubble ? s'enquit ma petite boule de poils.
- Eh oui, c'est notre nouveau chez-nous.
- Bubble ! s'exclame-t'elle en opérant un salto arrière aérien.
Elle s'éloigne alors dans les airs à la découverte des environs. J'embrasse du regard le panorama qui s'offre à moi, et ne réalise toujours pas que je vais résider ici. C'est une immense maison, mais que dis-je ! Un manoir de luxe que même un billionaire ne saurait se payer ! Une grande allée pavée se présente à nous se divisant en deux escaliers à la courbe élégante, entourant une cascade d'un vert d'eau limpide. On les gravit silencieusement, lui m'observant et moi analysant jusqu'au petit détail, les yeux grands ouverts et la bouche en o. Si c'est un rêve, je souhaite en garder le souvenir le plus clair possible, avouons qu'il est drolement réel ce rêve... Ce que je n'espère pas.
Une fois en haut, un bassin de la même translucidité occupe le centre de la place, entouré de quelques petits salons étalés par ci par là. La lumière choisie se fonde en harmonie avec l'ambiance tamisée et le couché de soleil rend l'exploration inoubliable
Après avoir fait le tour nous montons un dernier escalier, cette fois-ci tel celui où Cendrillon à perdu son soulier de verre, c'est-à-dire infiniment grand.
- Est-ce jusque-là à la hauteur de tes espérances ?
-...
Devant mon manque de réaction, il rit délicatement et ouvre la majestueuse porte d'entrée faisant le double ma taille.
- Je prends ça pour un "oui".
Je n'ose presque pas m'avancer de peur de salir le marbre luisant qui sert de sol, je me déchausse et dépose mes sacs sur un sofa qui a du coûter dix fois le prix de ma pauvre demeure sur Terre. L'intérieur est aussi impressionnant que l'extérieur. À la fois moderne et ancien, le mélange est si parfait qu'il en reste un paysage chaleureux. Là où l'on passe je ne cesse d'être émerveillée encore plus que les secondes auparavant. Les chambres, les salles de détente, les aquariums muraux et les décorations de tous les styles... Je n'ai rien vu d'aussi beau, même le palais me paraît bien simple comparé à cette huitième merveille. Les matériaux s'accordent et aucun accord ne paraît gâcher cette symphonie de l'art de l'ancien et du futuriste. Il y a même une salle de sport, qui est très différente de celle des humains mais qui a un minime air de ressemblance, les cuisines ne manquent pas et les équipements ont l'air si sophistiqués !
En parcourant ce somptueux habitat, on peut voir à travers les vitres la plage et les vagues s'échouer les unes après les autres. Et ça fait un moment que nous marchons, comment Luna peut-elle habiter ici toute seule ?
- Tu veux voir l'arrière ?
- Ah parce qu'il y a autre chose que la plage ?! répondis-je interloquée.
- Bah oui ! Suis-moi. déclare-t-il sur un ton évident.
Je le suis et la vue me laisse paralysée. Une immense piscine est placée sur toute la longueur du château et au centre se trouve une plateforme aménagée de sorte à y installer des matelas, des coussins et une table. Un salon incrusté dans l'eau, tout bonnement incroyable. Quelques lanternes survolent la surface de l'eau, donnant un charme irrésistible à l'atmosphère, et les palmiers à la couronne fière rendent le climat tropical.
- C'est juste... Je n'en ai même pas les mots Simon...
- Ça m'a fait le même effet la première fois, crois-moi. C'est pas la même que le palais, c'est sûr, ici c'est plus...vivant, je dirais.
- Ouais, je me disais la même chose. Quand est-ce que Luna rentre ?
- Elle ne va pas tarder à mon avis.
- Ce n'est pas immense pour une seule personne ?
- Eh bien, vous êtes deux maintenant. Mais sache que les invités ne manquent pas, lors des soirées importantes c'est ici où chez le Conseiller Julien. Et puis Grace et moi lui rendons souvent visite.
Pourquoi pas chez Songe ? Je sais qu'on me cache des choses, pas pour ne pas me brusquer car je suis "nouvelle" mais seulement ainsi. Moins j'en sais, mieux c'est pour eux. Je l'ai vu dans le regard énigmatique du Roi lorsqu'ils ont découvert ma "réelle identité", ce regard méfiant à la fois victorieux mais craintif. Il me perçoit telle une menance potentielle à son trône et à tout ce système superficiel qui fait fonctionner Atlantia. Des hypocrites je vous le dit, pas parce que l'ai vu mais je l'ai ressenti en présence de certaines personne. Cette planète à ses secrets qu'elle enterre à ma venue, ils savent tous, les employés du château, l'Élite d'ici et toutes les créatures qui sévissent ici. Je ne sais pas en qu'elle raison je revois l'image de Lily, celle que j'ai aidé pour le dîner au château, son regard en disait long, j'ai de suite compris que les questions que je me pose doivent rester dans ma tête et non sortir par ma bouche. Elle me l'a fait comprendre en un regard, ce régime est peu être parfait en surface mais il est basé sur la peur, la domination et le mensonge. Je ne saurais expliquer tout ça, mais ce... sentiment qui survient en vous instinctivement sans raison, et bien je l'ai pressenti. Prenez l'exemple de Shangri, elle en sait plus que ce qu'elle dit, elle a été entraînée par mon "grand-père", je met ma main à couper que tous me convoitent comme si je n'étais qu'un pion dans leur échiquier. Ils ne me l'ont pas dit mais cela va de soi, mais je ne suis pas cette idiote qu'il pensent, je n'ai pas de camp, je me bat pour mes convictions et mes principes et non pour les leurs. Ils veulent tous y gagner mais ils y perdront tous, je vous l'assure et je m'en assurerais personnellement.
- Ah... continuais-je naturellement.
- Mais suis-je idiot ! J'ai oublié de te présenter ta chambre ! s'exclame-t'il soudainement.
Il tourne les talons et je m'empresse de le poursuivre à l'intérieur, on enjambe les marches d'escaliers quatre à quatre quand nous arrivons enfin au second étage. Et nous marchons encore et encore, comment vais-je faire pour me repérer dans ce labyrinthe ? Si je dois parcourir tout ça, tous les jours, je risque de ne plus avoir de jambes !
- On y est, c'est derrière cette porte. Mais il faut faire ça comme il se doit.
Il me recouvre les yeux avec ses mains mais une question me traverse, pas suicidaire pas de panique seulement tactique.
- Comment ça se fait que tu en saches autant sur cette demeure ?
- Quand mon père travaillait en déplacement chez d'autres peuples, j'étais chargé de faire quelques missions. Luna me donnait souvent des indications pour mieux m'en sortir.
- Mais ça n'explique pas le fait que tu connaisses ma chambre car ce n'était pas prévu.
- Eh bien, je l'ai renseignée sur tes goûts. C'est elle qui m'a questionné.
Vous voyez, je pose une question et il enchaîne une suute d'informations. C'est pour l'instant mon plan A, en savoir le plus possible quite à transgresser deux ou trois lois, c'est à mon avantage, jamais on me renverra, je suis trop précieuse pour eux, un joujou d'une inestimable valeur aux yeux de tous.
- Ah...euh...je, merci... Mais ça a du lui prendre un temps fou pour réaménager une chambre !
- Tu te rappelles quand je te parlais de Luminaria et de sa variété ? me déclare-t-il.
- Oui, où veux-tu en venir ?
- On vit entre plusieurs espèces et nos plus fervents alliés sont les fées. Et elles adorent entretenir les jardins mais surtout s'occuper de tous ce qui est mode, relooking etc... Donc Monica, Carla et Sarah ont aidé Luna à préparer ta venue. Et elles l'ont suppliée de rester avec toi car elles t'adorent.
C'est bon à savoir ça, les fées sont alliés les plus fervents des elfes... En cas de mésentante je sais où m'en prendre. Leur retirer un allié en or et me le mettre dans la poche, ce qui veut dire les affaiblir numériquement. Je me surprends pour le coup, mes pensées dérivent trop vers la guerre et la vengeance.
- Ooh... Elles sont si gentilles ! J'aimerais qu'elles restent avec moi pour me porter compagnie le poulet !
- On ne peut rien te refuser toi... Allons voir le final, je ne l'ai pas encore vu.
Oui et je ferais en sorte que ce soit valable pour tous... Des fois je me fais peur à moi même, mais que voulez vous, la vie est injuste et imparfaite or je ne suis pas parfaite donc je fais ce que bon me semble. J'ai largement été gérée alors pour une fois, je m'implore de faire que la roue tourne. Je vais pas me défiler comme ce que je fais depuis ma naissance, non je vais assumer et les affronter. Et je les démollirai, parole d'honneur... Peut être que Simon, Lucas et Grace sont aveuglés par leur éducation, si c'est le cas je ferais en sorte de m'y allier et on fera un carnage. Enfin, cela ne tient que s'ils ne font pas partie de cette mascarade ridicule de leur père.
- Oh, j'ai trop hâte !
Il ouvre la porte et je fais un pas en avant.
- Ce n'est pas rien, dis donc... commente-t'il.
- Je peux voir ? m'impatientais-je.
- Oh oui.
La vue qui s'offre à moi est plus que sublime... Un grand lit double est placé au mur du fond, des oreillers empilés les uns sur les autres et les draps en lin le recouvrent. Tant la pièce est immense, mon regard ne cesse de pivoter à tout va.
Un peu plus loin du lit, se trouve une longue commode blanche à tiroirs vernie où traînent quelques décorations et un pot à cookies. Bubble entre par la fenêtre juste au-dessus de celui-ci et attrape un gâteau avant de repartir en un petit rire enfantin. Probablement la seule personne qui me soutienne RÉELLEMENT sans me cacher une part de l'information.
Sur les tables de nuit, on y a entreposé des pots de fleurs et de roses, rendant la chambre chaleureuse. Une guirlande lumineuse est accrochée au mur gris et procure un sentiment de sécurité. Mes pieds s'enfoncent dans le moelleux tapis central et mon sourire s'agrandit, que c'est doux ! J'hume l'air et respire une délicieuse odeur me rappellant chez moi... De magnifiques cadres sont accrochés par ci et par là et plus au fond se trouve un petit coin détente, avec quelques sofas aux airs confortables à en tomber, il y a aussi une table basse de verre et un hologramme sur le mur. Est-ce leur télévision ? Oui, elle émet une douce mélodie qui s'accorde en tout point à la composition de ma chambre.
Je remarque alors trois portes. Une donnant sur un large balcon offrant une vue sur le complexe entier, la seconde sur une sublime salle de bain révolutionnaire, la baignoire et les lavabos illuminés de néons colorés, le tout avec une vitre sur la plage. J'ouvre la troisième et découvre un dressing infini, étagères, cintres le tout scintillant. Cette fois-ci vide, fait pour que je le remplisse de moi même. Je ne vais pas faire long feu avec Grace sur le dos, il se remplira assez vite à mon avis.
- Je... Je ne sais comment tous vous remercier...
- Seul ton sourire suffit.
Je souris alors rayonnante de bonheur. Ce n'est pas que ce trame un complot que je n'ai pa le droit de vivre ma vie, je l'apprécie honnêtement mais rien que la perspective qu'il fasse partie de je-ne-sais-quoi, m'agace et si cela aurait été le cas, je serais déçue malgré moi. Je suis réellement heureuse mais la tempête approche.
Je n'arrive pas à croire aussi que ce que je pensais immaginaire m'arrive... Je ne me pensais pas méritante d'avoir du bonheur dans ma vie et au final, je suis comblée. Pourquoi moi ? Ça nul ne le sait... Comme on dit, le bonheur c'est parfois de regarder la vie autrement. Autant en profiter au maximum.
- Et le meilleur pour la fin.
Je me tourne vers lui prête à le questionner, quand il éteint les lumières et une chose inouïe arrive.
Le plafond, qui était il y a un instant en briques est désormais d'un cristal fin et les étoiles sont alors visibles. Toutes petites et lointaines dont la lumière éclaire notre sommeil.
- C'est...
- Magique, oui... Nous sommes comme elles il nous suffit seulement de trouver comment briller...
- Je savais pas que tu étais un penseur.
- Je le prends comme un compliment, mais on a tous des moments de faiblesse, ça ne l'oublies pas... Autrement, cela peut te coûter la vie...
Un blanc s'installe entre nous et m'enveloppe de malaise...
- Je ne voulais pas plomber l'ambiance, ni raviver les blessures, Sam... Je suis désolé, c'est juste que... s'excuse-t'il.
- Non, ne t'en inquiètes pas. Cela ne fait rien, après tout ce n'est que la réalité... fis-je un triste sourire sur le visage.
On pousse un soupir las et discutons quelques minutes encore. Je baille en plein milieu de l'explication sur mon film préféré et Simon semble se faire piquer subitement.
- Je suis désolé de t'avoir empêché de te reposer et de t'installer. Je file au palais, la rentrée est dans quelques heures et il me reste quelques préparatifs.
- Tu ne m'as pas dérangée, ma porte sera toujours ouverte pour toi... Enfin, pour qui veut... fis-je gênée.
J'aimerais le détester et tous les autres avec pour partir sans remords mais c'est mon destin, je le sais et je le sens au plus profond de mon être. Et comme la vie est injuste je me suis attachée à lui, et comme elle est en plus de ça compliquée, je sais que rien n'est blanc ou noir, donc ce complot à forcément des bienfaits, lui et ses participants... Bordel, pourquoi tout est complexe ! Rien ne peut être simple ? Genre Atlantia devient un monde disney où tout va bien, on affrontera les méchants et après bon débarras, et puis on vit heureux. Mais ce ne sera malheuresement jamais ainsi... Mais si seulement... Trêve de "si" les hypothèses ça casse le crâne et fait bouillir les neurones inutilement. Bipolaire ? Oui.
Luna choisit bien son moment et entre après avoir frappé discrètement à la porte. Elle semble d'abord surprise de trouver Simon puis sourit d'un sourire plein de sous-entendus... Je déteste quand elle fait ça...
- Dites donc, jeunes gens... Il fallait discuter en faisant les boutiques ! Il est très tard ! Et en plus, c'est la rentrée dans quelques heures ! Sinon, c'était bien la sortie ?
On se regarde Simon et moi, puis éclatons de rire. Le rôle de mère poule ne lui convient pas du tout comme un gant à l'évidence.
- J'ai compris... Bon vite. Simon, ton père t'attend. Mais avant, vous voulez dîner un petit quelque chose ?
- Non merci Luna, vous connaissez mon père... Il n'aime pas qu'on le fasse attendre.
- Et toi ? me demande-t'elle.
- Je ne suis pas trop team dîner... Désolé...
- Ce n'est rien, si jamais les frigos sont pleins, j'ai fait faire les courses. Si tu as besoin de quoi que ce soit, les filles seront là pour t'aiguiller.
Luna s'éclipse précipitament le même sourire niais sur le visage.
- Bon bah, je file. finit par dire Simon.
- À tout à l'heure du coup ?
- Ouais...
Je ne sais comment le saluer. Un signe de la main ? La bise ? Lui serrer la main ? Je ne connais absolument pas les coutumes d'ici et ça me met en rogne ! J'opte pour la bise, comme le faisaient les filles du lycée. Je l'embrasse sur la joue tremblante et rouge de gêne. Il semble qu'un éclat à luit dans ses yeux mais je pense que c'est le fruit de mon imagination débordante... Il faut vraiment que j'arrête de prendre mes rêves pour de la réalité, et moins m'attacher à lui, si ce que je redoute de lui s'avère vrai j'ai peur d'en avoir le cœur brisé. Et à ce moment là, je sais que je serais incontrôlable, ma part d'ombre ressortira et dévorera tout sans que je puisse l'arrêter. Je serais alors vraiment une personne sans coeur, vile et tout le reste. De toutes manières, chaque personne à ses vices et "mauvais" côtés en elle, il suffit juste de les faire sortir. Il m'observe un moment puis s'en va.
- À ce midi ! déclare-t-il.
C'est seulement à ce moment que je réalise l'ampleur de mon acte...Qu'est ce que j'ai fait ?! Il va se faire des films et croire que je l'aime et... Qu'est ce qui m'a pris ?! QU'ELLE MOUCHE M'A PIQUÉE ?! Je me jette sur mon lit la tête dans l'oreiller et hurle de toute mes forces balançant mes pieds en tout sens. À peine eus-je le temps d'inspirer qu'un bruit traverse la pièce.
- SAAAAAAAAAAAM ! entendis-je.
Une tornade envahit la pièce, du nom de Sarah, Carla et Moniqua.
- Oulala ! File à la salle de bain te débarbouiller, on s'occupe de ranger ce bazar.
Après m'être douchée, mis des masques et des crèmes, je m'endormis épuisée tel un bébé.
<|○|>
- DEBOOOOUUT ! entendis-je lointainement.