35- Cendrillon
CHAPITRE 35
PDV JOSH
Qu'est-ce que j'en ai à faire ?! Pourquoi est-ce que je me sens coupable ?
Non, mais franchement... Tu t'entends penser ? Il faut que je t'explique le pourquoi du comment du nom de "Lily" ?!
Je chasse le nuisible de ma tête et me tourne vers June.
- Enfin partie ! On y va ?
- Va-t'en... murmurais-je.
- T'as dit quoi mon chou ? me questionne-t-elle sur un ton faussement mielleux.
- Va-t'en, bordel de m*rde ! hurlais-je pétant les plombs.
- Mais, je... commence celle-ci.
- Pas de "mais" ! HORS DE MA VUE ! menaçais-je avançant vers elle.
Effrayée, mais elle reste campée sur sa position. Elle semble réfléchir à toute vitesse puis fronce les sourcils et pointe un doigt accusateur sur moi.
- Écoute-moi bien, enflure ! Ça se voit que t'es raide dingue de cette nana de pacotille. Et tu n'es qu'un enfoiré pour m'avoir utilisée pour l'oublier ! Mais moi je le vois dans tes yeux que ce n'est pas moi que tu attends à chaque fois quand tu ouvres la porte. Même qu'en dormant tu prononçais son nom ! Elle te rend malade ! Je ne sais même pas pourquoi t'as fini dans ce trou à rats ?! Mais finis-en une bonne fois pour toute et va la voir au lieu de rendre malade tout le monde. peste-t-elle.
Sur ce elle s'en va rageusement et prend un taxi elle aussi. Je ne trouve même pas les mots pour expliquer ce qu'il s'est passé...
- Hé ben mon vieux... Ton manège avec ces deux donzelles a été découvert. T'as pris cher hein ?
Je me tourne pour voir un vieux avec un sourire déformé sur le visage. Des dents en moins et l'air bourré.
- De quoi je me mêle ? rétorquais-je agacé.
Je m'apprête à partir quand il me prend par l'épaule. Sans hésiter je lui flanque mon crochet du droit et il tombe comme une crêpe au sol. Je m'essuie les mains et remonte les escaliers du vieil hôtel crasseux. Il se réveillera peut-être.
Je me jette sur le lit qui a pris l'odeur de Lily. Je hume l'air en une grande inspiration et expire tout mon esprit avec... Cette odeur a le don de me rendre fou... La réponse de June repasse en boucle et je ne sais quoi en penser... Elle a peut-être raison mais elle oublie un détail, un point crucial même. Elle m'a manipulé ! Elle ne m'aime pas, elle m'a simplement brisé le cœur. Et je ne suis pas prêt à retenter l'opération "ouvrir son cœur" de si tôt... Je me perds à imaginer un futur avec elle, bien impossible mais que c'est beau de rêver...
Ben, lève-toi pour le réaliser ou rendors-toi pour continuer. Tu es l'auteur de ta vie, personne d'autre ne l'est alors au lieu de ressasser tente, ne jette pas l'éponge comme un moins-que-rien !
Je me perds vite et dévie sur mon père... Enfin, il ne l'est plus pour moi et ce depuis des années... Quel père pourrait faire exécuter son fils ? Je sens une haine animer le feu intérieur qui me consume mais une sonnerie me coupe dans mon élan. J'attrape mon portable et à la vue du numéro de Lily je fronce des sourcils. Elle ? M'appeler après ça ? Cela relève de l'improbable, impossible même.
Je m'apprête à répondre mais au dernier moment je l'entend parler à son frère.
- Il ne répond pas. Il doit être en train de nourrir ses pulsions, ce connard...
- Moi qui pensais qu'il avait changé...
- On ne change jamais, Ethan. C'est ce qu'il y a de plus triste...
Ma poitrine se serre à l'entente de cette phrase, que veut-elle dire par là ?
- Allô ? Lily ? coupais-je avant d'entendre ce qui ne me plairait pas.
- Josh ?!
- Qui d'autre ? C'est mon numéro.
- Hum... Je...
- Quoi ? répliquais-je irrité.
- Allume la radio... avoue-t-elle vaincue.
J'allume la radio et ce qu'il y est raconté me fait tomber mon mobile par terre.
...Livy...
Elle est vivante ! Oh bon Dieu, mon père ne l'a pas achevée ! Un poids quitte mes épaules endolories mais le reste reste quand même conséquent...
- J'arrive.
Je file en bas et attrape le premier taxi en vue.
PDV ETHAN
Lily n'a pas ouvert une seule fois la bouche... Elle est silencieuse, déconnectée de la vie réelle. Je n'ose imaginer ce que ça fait... Penser avoir perdu quelqu'un puis le voir surgir tout abîmé, quel choc... Mais je n'arrive à exprimer autre énergie que de la haine... Je ne comprends pas... Pourquoi ? Comment ? Et sans rançon ? Je rate quelque chose... J'ai forcément raté un détail ! Merde !
Avant d'abîmer le siège, je me lève et vais nous commander une bonne dose de caféine. On en a bien besoin. Je me lève et m'acharne sur le distributeur. Je me tourne vers Lily et la voit observer son portable toujours aussi muette. Je rapporte les deux cafés noirs et aperçoit "Josh" sur son écran.
- Appelle-le.
Pour la première fois depuis son arrivée, elle lève ses yeux rougis vers moi. Elle secoue la tête et range son portable. Bien que je le hais en ce moment, je ne peux m'empêcher de le considérer encore comme un ami. L'unique présent pour moi à chaque instant nécessaire. Je dépose les cafés et prend ses mains dans les miennes.
- Je ne sais pas ce qu'il y a encore comme problème entre vous mais je sais que c'est en travers de ta gorge mais Livy est aussi son amie. Il a le droit de savoir, sauf s'il le sait déjà.
Elle considère ses doigts un moment puis sors son téléphone et appelle. Les bips résonnent mais aucun signe de vie.
- Il ne répond pas. Il doit être en train de nourrir ses pulsions ce connard... crache-t-elle venimeuse.
- Moi qui pensais qu'il avait changé... murmurais-je las.
- On ne change jamais, Ethan. C'est ce qu'il y a de plus triste...
- Allô ? Lily ? entendons-nous.
- Josh ?!
- Qui d'autre ? C'est mon numéro.
- Hum... Je...
- Quoi ?
- Allume la radio...
Il s'écoule un silence puis un bruit sourd, il répond enfin tremblant:
- J'arrive.
Elle raccroche les yeux brouillés de larmes... Et se renferme dans sa bulle définitivement. Je m'assois et avale d'une traite le café immonde. Je ferme les yeux mais impossible de dormir, pas dans ces circonstances...
Je me lève plusieurs fois demander à l'accueil mais rien... Lily ne semble pas avoir cligné des yeux depuis des heures tant des veines rouges se dessinent sur les blancs de ses yeux. Elle se masse les tempes puis la tête et serre ses pieds contre elle. La salle d'attente s'est vidée et seuls quelques inconnus sont encore présents. Ça ne fait qu'une heure et demie que l'on est là et pourtant il me semble être là depuis des millénaires.
JUNE SIMONS
Je rentre chez moi et lance mes talons contre les murs de ma chambre. Ni une ni deux je me jette dans le bain et entame une douche brûlante. Ce qu'il m'énerve ce Hellwood ! Je l'avais dans ma poche puis cette fille hautaine débarque et le mène à la baguette. Et ce qui m'agace le plus, c'est ces regards qu'ils échangent ! Sans savoir qu'ils sont attirés, si évident pourtant si abstrait pour eux que ça me rend malade.
Cela doit faire des années que je tente de l'avoir pour moi, et le voir s'éloigner si vite m'a fait si mal...
- JUNE !
Je me raidis à l'entente de la voix glaciale de ma mère. Je sors du bain et enfile un pyjama à la va-vite.
- Oui, mère ?
- Range-moi la maison. Un producteur arrive.
Je hoche la tête compréhensive et me colle à la tâche. Jamais la contredire. Jamais. Je m'affaire l'esprit torturé par Josh et Lily et je manque plusieurs fois de renverser les vases provenant de Chine. Si un détail m'échappe, je suis morte. Carl, mon beau-père ne revient qu'en fin de semaine. Pas à temps pour me protéger de cette sorcière...
- Arrange-moi cette horreur et que ça saute, il na va pas tarder. siffla la femme élancée et sûre d'elle que j'ai comme mère.
Dire que dans Cendrillon, c'est la mère qui est remplacée par la marâtre, moi je l'ai dans le sang. C'est peut être pourquoi je suis si exécrable comme elle... Dans tous mes agissements je la retrouve et ça me rend dingue. Je ne vais pas me plaindre mais il y a pire que moi, je survirerais encore. Je ne peux pas encore emménager seule, il me faut juste ce fichu baccalauréat et je déménage à l'autre bout du pays !
Par mégarde, je trébuche sur une marche de l'escalier en marbre et me rattrape sur la table. Le vase au-dessus vacille et au ralenti je vois mes mains le rater. Il se fracasse au sol dans un bruit horriblement fort, mon arrêt est là. Cette semaine en plus de mon travail misérable, j'ai récolté le pire bulletin trimestriel possible. Ça l'a mise en rogne et ce n'est pas parti...
Je ferme les yeux si fort que des points noirs se mêlent à ces ténèbres sans fin. Elle ne me frappe pas, mais bien pire. Elle me pulvérise l'esprit en mille. Ce n'est que les pauvres d'esprit qui frappent leurs enfants, ses mains sont trop nobles pour ça, elle préfère réduire à néant ma propre estime... Et elle réussit bien à sa tâche malgré tant de manœuvres que j'ai appliquées...
- Idiote, mais en plus de ça aveugle ? Je ne pensais pas que tu tomberais si bas. Comment une chose aussi immonde a pu provenir de moi ? Surement un gène de ton misérable père, hein ? Va souillon, te changer et t'acheter des neurones. Même si je doute qu'elle puissent fonctionner si elles n'ont pas de bases solides...
Je me lève les yeux rivés au sol et monte les escaliers.
- Ramasse-moi ça ! Tu te crois trop bien pour le ménage ? ricane celle-ci.
- C'est ce que tu penses pourtant de toi-même... murmurais-je.
- Je n'ai pas entendu, tu veux bien répéter ?
- Je n'ai rien dit.
- Qui ? "Je n'ai rien dit", qui ?
- Je n'ai rien dit, mère...
Je redescends les escaliers et ramasse les morceaux à mains nues. Mon épiderme s'ouvre sur plusieurs points ce qui fait sourire suffisamment mère qui tourne le dos pour admirer son reflet. Je jette ça à la poubelle et prend un balai pour le reste. Rose, la servante aperçoit mes mains meurtries et se précipite vers moi.
- Repose-moi ça tout de suite ! Viens par là que je désinfecte tout ça.
Elle me sourit tristement et me prend délicatement mes mains.
- Ça ne va pas se ramasser tout seul ! cria ma mère derrière la cloison.
J'inspire fort et frotte mes bandages.
PDV LILY ANDERSON
Les gens défilent tous aussi effacés. Je ne suis guère présente dans cette pièce où l'odeur chimique empeste le Mr.Propre... Mes mains autour de mes jambes, je redoute le pire. J'ai élaboré le discours que je dirais à ce père brisé par la disparition de sa merveilleuse fille... Le vrai cercueil plein qui va être immergé sous terre et tant d'autres images terribles...
Je tire sur mon bracelet, le tire en tout sens comme si ça pouvait effacer mes actes... Ce bracelet que Livy a acheté pendant notre sortie qu'elle m'a offert en gage d'amitié. Je le retire et le jette au sol violemment après ce flash-back. Je baisse la tête et m'autorise à cligner des yeux. Je tire sur mes cheveux histoire de tromper mon corps humain, qui se concentrera sur la douleur physique et non intérieure... Trop insupportable pour moi...
Une personne s'assied à mes côtés et énervée je m'apprête à hurler à ce truc dérangeant de dégager et de se trouver une place autre part. Il y a toute la salle pourquoi à côté de moi ?! Je relève la tête et tombe face à un Josh vitreux, limite blanc comme un linge. Ethan s'assied aussi, quoi ? Ils étaient en train de parler ? Je vois un cortège d'infirmières traverser la salle d'attente et aller à l'accueil.
- "...décès...jeune patiente..."
Je saute sur mes genoux et me rue vers elles.
- COMMENT ÇA ?!?! ELLE EST MORTE ?! INCAPABLES ! VOUS L'AVEZ TUÉE !! m'égosillais-je le regard fou.
Je manque de frapper l'une d'elles mais on me retient. Ethan... Les infirmières me jugent d'un œil mauvais et se reculent faisant les fières ! Et dire que je les pensais sympathiques comme dans les films ! Je crache au sol bruyamment et me débat pour échapper à sa prise. Il resserre et je lui mords le bras.
- Répondez-moi où je vous étrangle ! Dites-moi qu'elle n'est pas morte ! hurlais-je à pleins poumons.
Je me plante face à l'une et m'apprête à l'étrangler après un regard plein de dédain que je me prends. Seulement une main se pose sur mon épaule, Josh me prend dans ses bras ou plutôt m'y enferme et repose ma tête sur le creux de son cou.
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Hey ! Donc, je poursuis sur ma lancée et publie sans relâche. Comment allez-vous déjà ? Et avez-vous passé un bon nouvel an ? J'espère que cela vous plaît autant et que je ne vous ennuie pas !
CRISALLYDE