38- Léger imprévu

CHAPITRE 38

PDV ANDREW ANDERSON

Ce petit morveux ne me dit rien qui vaille... Il est entré ma fille lovée dans ses bras et la déposée à ses côtés au lieu des miens... Je serre le poing lorsque je le vois observer longuement ma fille puis il s'appuie sur le dossier et s'endort les sourcils froncés. Je lâche un grognement en sa direction prêt à en faire qu'une bouchée.

Ma belle Elsa dépose sa fine main sur mon poing et ancre ses belles prunelles dans les miennes.

- Détends-toi...

- Comment veux-tu que je me détende alors qu'un moins-que-rien s'approche de trop près à ma fille ?!

- Il ne lui fera pas de mal, ne t'en fais pas. J'ai eu l'occasion de le rencontrer.

- Une rencontre ne détermine pas une personne, très chère.

- Oh ! En es-tu sûr ?!

Dois-je culpabiliser d'avoir dit ça ?

- Oui.

- C'est un comble ! Et nous, alors ? Notre coup de foudre était immédiat !

Je n'aurais peut-être pas dû dire ça en fin de compte... Il me faut me rattraper.

- On se détestait, chérie !

- Oui, mais il n'y a qu'un pas entre la haine et l'amour. Je pensais cette phrase fausse jusqu'à ce que je te découvre sous toutes les coutures !

Si tu connaissais toutes les coutures, tu te serais enfuie... pensais-je amèrement.

- Certes... Je ne vois pas le rapport.

- Tu connais ta fille ! Si elle trouve quelque chose d'intéressant chez ce garçon c'est qu'il en vaut vraiment la peine !

Il est clair qu'elle a gagné un point sur ce coup. Lily est clairement la seule de la famille à avoir hérité de mon goût pour la solitude. Mieux vautre être seul que mal accompagné... Et ça, elle est la seule à l'avoir compris. Puis j'ai rencontré cette merveilleuse femme et son incroyable père qui ont été les seuls à tendre une perche à un pauvre gosse sous famille d'accueil... Sans eux tout ce bonheur et cette belle famille n'existerait pas...

- Tu as raison, ma dulcinée.

- J'espère bien très cher !

J'entremêle nos doigts et elle se repose contre mon épaule. Je tourne la tête vers Juliard qui semble mort... Les yeux vides, inhabités, les coudes sur les genoux et les mains sur la mâchoire, il attend. Il espère voir sa fille... Un minime espoir tient encore debout. Je n'imagine même pas perdre un de mes enfants... Je ne pourrais y survivre, Elsa non plus. Alors lui, qui tient le coup, je dois dire chapeau bas.

Mon portable vibre dans ma veste et je le retire à la hâte. Voyant le contact affiché, je jette un regard sur ma femme. Elle n'a pas vu, c'est bon. Je me lève et prétexte un besoin qui ne peut pas attendre. Je prend le tournant, puis hors de leur vue, je sors au dehors.

- Commandant, vous avez intérêt à avoir de bonnes raisons pour m'appeler à cette heure-ci et en ces circonstances.

- Je confirme, patron. Il y a un léger imprévu...


PDV LILY

Je me réveille peu après et allume mon portable, cinq heures du matin... Une veste est posée sur moi, me réchauffant, et c'est celle de Josh sans surprises. Il est endormi en face de moi, les traits du visage tirés. Ce qu'il peut être expressif lorsqu'il dort... Tout aussi craquant et mignon qu'à son habitude... Je jette un regard timide vers son si beau visage puis me rappelle de là où je suis. Je regarde autour de moi, et aperçoit les yeux d'aigle de mon père sur moi et le regard bienveillant de ma mère sur moi. Qu'est-ce que qu'ils ont à me regarder comme ça ?

J'arrange mes cheveux et me rassoit enveloppée dans la veste de Josh. Je la remonte jusque mon visage et une odeur bien reconnaissable m'envahit les narines... J'inspire fort, laissant cette odeur boisée, vanillée se graver dans ma mémoire. Cette odeur est un réel somnifère... Je me tiens droite et imperceptible face au regard lourd de mon père mais ne réussit pas à céder à la tentation de le prendre en photo discretos et de l'admirer sur mon écran.

Quel comportement ! Toi qui haïssait les filles comme ça...

Tu ne te rends pas compte que son odeur est une drogue pour nous là.

Si, mais je reste lucide, au moins une de nous deux se doit d'être vigilante.

Je défile dans ma galerie m'ennuyant et parmi des clichés de mes shootings je distingue sans peine des images de moi et Livy... Ma douleur me prend d'assaut et mon humeur légère s'assombrit...Si dans dix minutes je n'ai toujours aucune nouvelle, je vais commettre un crime.

Les dix minutes passées je me lève et vais voir l'accueil, plus de patience en stock.

- Je ne vais pas attendre toute une semaine ici, ok ! Alors donnez-moi des nouvelles de mon amie où vous allez avoir un cadavre voire plusieurs, sur les bras.

- Je vais contacter les chirurgiens, attendez quelques minutes.

Je me décale et vais me rassoir. Josh se réveille en un sursaut. Il n'a pas dû rêver de bisounours lui aussi... Il semble reprendre conscience de la situation, et cet air si innocent s'envole tel de la fumée. Il m'observe un moment puis se tourne vers mon père. Il se tient droit et arrange son air. Même s'il est plus que mignon avec cet air désordonné, je doute que mon père soit de cet avis.
Il se tourne vers moi et regarde mol téléphone puis souris narquoisement.

- Alors comme ça, on admire la beauté naturelle de Josh Hellwood ? lance-t-il taquin.

Je jette un coup d'œil à mon portable et découvre avec horreur l'image que j'ai prise de lui.

Idiote...

N'en rajoute pas !

Je ne dis que la stricte vérité, t'es dans la merde.

- De qu'elle beauté tu parles, Josh ? De celle-là tu veux dire ?

Je met en évidence le cliché de lui affalé dans ma pièce secrète sur le matelas, endormi n'importe comment. Il ouvre grand les yeux, et je ris sans retenue devant sa mine. Me rappelant des radars que j'ai comme parents, je me rassois convenablement le regard droit.

- Je vois que j'ai une place dans la galerie de Madame ! Quel honneur !

- Oh oui ! Une grande place !

Réfléchissant après avoir parlé, je me mords violemment la langue sous ma débilité. Moi qui pensais avoir retourné la situation en ma faveur, c'est raté !

On se regarde un moment, puis cédant à la retenue, nous rions de bon cœur. Je sens le regard de mon père me transpercer et même Juliard lève la tête.

En faite, non, correction: il regarde derrière-moi. Une infirmière se rapproche de nous et immédiatement nous nous levons, le souffle coupé.

- Vous devez être les proches de Livy Stone, n'est-ce pas ?

Je joins mes mains et croise les doigts pour que l'univers soit avare et garde encore cette vie du néant, du vide, de la mort... Elle inspire ce qui semble prendre un temps fou, je m'apprête à ouvrir la bouche et pas pour respirer gentiment comme vous le savez mais un coup d'œil de la part de Josh semble me retenir.

- Ça a été très dur et elle a frôlé la mort de si près... Mais elle s'est battue jusqu'au bout et elle s'en est sortie.

Une vague indéchiffrable se répand en mon corps mais pourtant, mon esprit si torturé reste intact... Je m'en veux, et je l'avais dit. Qu'elle s'en sorte où qu'elle baisse les armes, je suis toujours coupable. Je ne mérite pas d'être. Mes propres principes violés, mon code d'honneur brisé et l'esprit lourd, je fais mine d'être heureuse. Il ne m'a jamais autant coûté de jouer la comédie... Le père de Livy semble reprendre contenance et mes parents se décrispent. Josh est plus compliqué à décoder... Je ne sais s'il est soulagé ou caché sous son masque. Il se maîtrise mais les yeux ne mentent jamais, jamais...

- Je peux aller la voir ? demanda d'une voix rouillée le père de Livy.

- J'ai bien peur que non... Elle est trop fragile encore, d'ici quelques jours si son état s'améliore je promets de vous contacter.

- Combien de temps va-t-elle rester ?

- Tout dépend de sa capacité de récupération, de la solidification de certains de ses os. Elle aura besoin de repos et de beaucoup de soins, dont je m'occuperai personnellement. Elle a passé le pire, pas d'inquiétude. Elle dort profondément...

Je pense que si elle serait morte je n'aurais pas seulement traqué d'arrache-pied Hellwood... Non... Je l'aurais traqué et torturé le plus longuement possible et le plus douloureusement croyez-moi les guerriers ne sont pas réputés pour le pitié. On se dirige vers la sortie et demandons à raccompagner Juliard. Il s'excuse au vu des tonnes de documents à remplir et traiter et nous remercie du fond du cœur.

- Merci pour m'avoir soutenu... Je n'aurais pas survécu... Tu avais raison, Lily... Dès le début... Elle n'était pas morte, elle était captive, torturée... Moi-même, son père n'ai pas vu la supercherie mais toi si... Je t'en suis si reconnaissant... Je comprends pourquoi elle ne cessait de parler de toi...

Le cœur douloureux nous le quittons. Ne reste plus que mes parents et Josh sur le trottoir... Un blanc s'installe et mon père semble attendre qu'il s'en aille, tandis que Josh semble le percuter du regard.

- Et si on dinaît tous ensemble pour fêter cette bonne nouvelle ? proposa ma mère.

- Je ne doute pas de vos qualités de cuisinière mais je ne peux accepter... s'excuse Josh.

- Tu ne peux pas refuser ! Ce n'était que politesse pour ne pas que tu te sentes insulté. Sur ce allons-y !

Josh sourit et mon père grince des dents. Je suppose qu'il avait prévu de me parler de l'argent, enfin de la somme COLOSSALE de fric que je lui ai volé sans scrupules... Sil découvre tout ce manège avec la mafia du père Hellwood, le F.B.I, les armes et tout le pack je risque d'être enfermée dans mes appartements... À vie.

Telle Raiponce dans sa tour... Donc... Josh en est le prince, si je ne me trompe pas ?

On s'installe à l'arrière de la voiture électrique dernier cri de mon père et mes parents à l'avant. Ayant une séparation entre les deux par une vitre ne laissant filtrer aucun son de notre côté. Cependant le côté avant de la voiture est audible, une pure merveille !

Je referme la ceinture sur ma taille et me verse un bon verre d'eau. Puis un détail me saute aux yeux: ETHAN !

- Où est-il passé ?!

Josh se tourne vers moi n'y pipant mot.

- Ethan... Où est Ethan !? répétais-je.

- Il a dû rentrer sûrement.

- Non, non...Il ne pouvait pas partir sans connaître l'état de Livy...

Je lui envoie un message inquiète, je ne l'ai plus vu depuis que je suis allée prendre l'air suivie de Josh.

- Calme-toi... Il ne s'est pas fait enlever par Mr.Hellwood...

La probabilité pour que cela se soit produit est certes faible, quasi nulle mais pas inexistante. À ma plus grande surprise, il répond avec un simple: "Je vais bien, je suis allé prendre l'air.".
Depuis que j'ai senti cette noirceur qui a pris possession de son être, je ne peux m'empêcher de penser au pire. Même si je n'ose le prononcer, il est évident qu'il est dangereux... Un être si noir, si vide ne peut qu'apporter discorde et malheur là où il va... Et le problème, c'est qu'il n'y a pas de traitement connu... La médecine et science de mon peuple est très embrouillée sur ce sujet épineux...


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